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Aricle « Quand Flanelle est morte, j’ai décidé de la faire empailler »

Marie Menecier, 28 ans, agricultrice à Septfontaines, dans le Doubs.

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«En janvier 2018, avec mon compagnon, Emmanuel, nous avons repris la ferme de son père. J’avais déjà eu l’occasion d’y travailler avant, car j’assurais des remplacements sur diverses exploitations de la région. À l’occasion d’un de ceux-ci, en 2015, j’ai rencontré Flanelle dans une ferme où j’intervenais. De suite, ça a été mon coup de cœur. Pour moi, c’était le modèle idéal de la montbéliarde !

J’ai alors demandé à mon conjoint et à Noël, son père, s’ils seraient d’accord pour que je l’achète et qu’ils l’incorporent au troupeau. Ils ont accepté immédiatement, sans même la voir. Ils m’ont fait confiance, considérant cela comme une preuve de mon engagement pour le futur. Elle avait 4 ans et demi, avait fait deux veaux et portait son troisième. À l’époque, elle produisait déjà bien. Mais une bête commence principalement à exprimer son potentiel à partir de son troisième veau et, avec elle, nous n’avons pas été déçus. Dans sa vie, elle aura donné 61 076 litres de lait.

Par ailleurs, avec Emmanuel, nous aimons participer à des concours pour présenter nos bêtes. C’est une façon de voir où nous en sommes dans notre élevage, mais c’est aussi un loisir. Parfois, nous nous y rendons juste pour aider des amis. Avec Flanelle, nous montions toujours sur le podium, C’était une valeur sûre. Dès qu’elle le pouvait, elle me suivait. Cet animal était bien plus qu’une vache pour moi. Et elle avait du caractère ! Quand elle entrait sur le ring, immédiatement, sans rien lui demander, elle dressait la tête, fière, pour se montrer, comme si elle comprenait tout.

Cet hiver, peu avant qu’elle ne soit élue meilleure fromagère au comice d’Évillers (Doubs), j’ai eu un pressentiment. Même si l’idée me paraissait folle, j’ai annoncé à mon compagnon que lorsque Flanelle décédera, je la ferai naturaliser. Elle est morte en janvier et nous avons fait appel à un taxidermiste, réputé dans le Jura. Bientôt, sa silhouette prendra place dans la grande pièce de notre future maison. Nos enfants pourront ainsi voir la grand-mère qui a donné 36 descendantes à notre troupeau. »

Propos recueillis par Jean-Pierre Amet

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